posts du 3 mai, 2011
Ramon Gomez de la Serna : Seins
C’est quand on les saisis par-derrière que les seins donnent le plus de sensation de volume. Quand on les surprend de la sorte et qu’on les embrasse complètement, on les sent se gonfler, tirer, se tendre, pointer en avant. Ce n’est que de cette façon, en les prenant par-derrière, qu’on les piège et les devine car, quand on les entreprend de face, ils se retirent un peu dans leur coquille, sans même s’en rendre compte, et ils se rétractent. Oh ! ce braconnage : les attraper soudain par-derrière ! Pris ainsi, ils s’abandonnent à la vérité comme une femme à qui on met par surprise les mains sur les yeux. Ils croient être saisis par l’Idéal et se dilatent de plaisir. Babel n° 136 p. 268
Paul Adam (1862-1920)
La première fois que je l’ai vue
J’ai tout de suite remarqué son regard
J’en étais complètement hagard
Dans ce jardin du Luxembourg
Je me suis dit : il faut que je l’aborde
Pour voir si tous les deux on s’accorde
J’ai déposé mon baluchon
Alors j’ai vu tes gros yeux doux
J’en suis devenu un peu comme fou
Quand je t’ai dit que tu me plaisais
Que j’aimerais bien te revoir
Tu m’as donné rendez-vous le soir
Et je t’ai dit Oh Pénélope
Que tu étais une sacrée belle fille
Que je t’aimerai toute ma vie
Quand dans ce lit de marguerites
Tu m’as caressé doucement la tête
Ma vie entière est une fête
Et sous les regards de la foule
J’ai posé ma main sur ta main
Vous voyez bien que ce n’est pas malsain
A l’ombre des eucalyptus
Je t’ai dit : je veux que tu me suives
Je te sentais d’humeur lascive
Alors comme ça dans les tulipes
Tu m’as fait une petite promesse
Gage d’affection et de tendresse
Si notre amour devait céder
Je n’aurais plus qu’à me faire prêtre
Je ne pourrais jamais m’en remettre
Car si un jour notre amour rouille
Je m’en mordrai très fort les doigts
Chérie vraiment je n’aime que toi