posts dans la catégorie 'Femme'
Maarit Hohteri : Anke having a smoke, Hambourg 2005
© Maarit Hohteri, courtesy galerie Esther Woerdehoff, Paris
Gustave Courbet (1819-1877) : La Fileuse endormie – 1853
La Fileuse : Aux Paysans qui reviennent de la foire se rattache, par analogie de l’idée, la Fileuse endormie, excellente peinture où Courbet a de nouveau montré comment, dans les scènes de la vie populaire, il entend le but et la dignité de l’art. Donnez à un autre, ce sujet si simple, de la Fileuse endormie et je serai bien trompé si, obéissant aux préoccupations de la vieille école et au goût détestable de l’époque, il ne vous fabrique une petite personne à figure de nymphe, taille svelte, jambe fine, doigts de fée comme répètent à satiété les gens de lettres, lorsqu’ils parlent des travaux de l’ouvrière ; bref une vraie poupée, paysanne de Florian et de l’Opéra. Il n’oubliera pas non plus de soulever un peu la jupe, d’écarter la cuisse, de découvrir la gorge, enfin de donner à l’abandon de la dormeuse toute la grâce possible. Une fileuse qui dort ne peut pas être dans la tenue sévère de la ménagère qui tient le balai. Ne faut-il pas d’ailleurs que l’artiste vous émoustille qu’il éveille en vous un certain idéal ? Sans cela vous ne vous soucieriez point de sa fileuse : qu’y a-t-il de commun entre la quenouille et l’art ? Le critique dont j’ai cité plus haut l’opinion à propos du Retour de la foire dit de La Fileuse : « Figure simple, solide, noire et lourde.» Il est clair que, regardant à travers le binocle à la mode, il a pris pour un défaut un effet voulu de l’artiste, et n’y arien compris. Mais laissons ces gens à leurs imaginations aussi absurdes, aussi laides qu’elles sont indécentes. Courbet, qui n’a pas vu, les dieux, qui ne connaît que les hommes, excelle à rendre la beauté physiologique, au sang riche, à la vie puissante et calme ; beauté qui, représentée et fixée de la beauté idéale des statues grecques. C’est que la vérité est aussi un idéal, qui par lui-même s’est affranchit des titillations de la chair et des orages de la concupiscence, et qu’une imagination dépravée peut seule rendre dangereux. Quelle magnifique créature que cette fileuse, et comme elle dort ! Le fil est « tombé » de sa main; on croit entendre sa respiration lente à la place du bourdonnement du rouet. Tous les jours elle se lève de grand matin ; elle se couche la dernière ; ses fonctions sont multipliées, son action incessante, pénible : c’est aux instants perdus qu’elle prend sa quenouille, travail minuscule dont la ténuité et le petit bruit ne sauraient tenir éveillée la robuste campagnarde. Comprenez-vous maintenant pourquoi Courbet a fait de sa fileuse une franche paysanne ? Sans cela elle serait à contresens ; je dis plus, elle tomberait dans l’indécence. Il y a beau temps que les châtelaines ne filent plus ; les bourgeoises n’ont jamais filé ; les ouvrières des grandes villes n’ont pas même appris ; on a bâti des filatures qui les en dispensent ; aussi bien elles n’y gagneraient pas leur vie. Toutes d’ailleurs sont artistes ; elles ne supporteraient l’ennuyeuse quenouille que si la coquetterie y trouvait son compte, derrière une vitrine, en vue du boulevard. Là vous les verriez, d’une main preste et légère, tirer leur lin. Sortez-la de son village, de son foyer champêtre : l’idée de la fileuse succombant au sommeil ne sera plus qu’une image de la paresse domestique ; par conséquent, comme je le disais tout à l’heure et comme le veut la logique de notre faux goût, une provocation à la luxure. La fileuse de Courbet est, bien assise, bien colletée ; elle a la taille puissante, les bras robustes, les doigts nourris, la figure candide; au sein du sommeil, ses habitudes de modestie ne la trahiront pas. La vérité pouvait seule ici, écartant toute pensée impure, suggérer à la fois une idée et un idéal, hors desquels l’art, réduit l’arbitraire, à l’insignifiance, disparaît.
Pierre Joseph Proudhon, Du principe de l’art et de sa destination sociale, 1865, p.206
Tableau vendu 2500 fr, en 1854, à Alfred Bruyas (1821-1877). Présentée à L’Exposition universelle de 1855, elle appartient au musée Fabre de Montpellier.
Rie Miyazawa
Des épaules rebondies sur lesquelles j’aurais voulu pouvoir me rouler, des épaules légèrement rosées qui semblaient rougir si elles se trouvaient nues pour la première fois, de pudiques épaules qui avaient une âme, et dont la peau satinée éclatait à la lumière comme un tissu de soie.
Honoré de Balzac ( 1799-1850) – Le Lys dans la vallée
Auguste Renoir (1841-1919) : La Lettre – 1891
Une lettre de l’être aimé, ça se conserve, ça s’embrasse, ça se relit et ça se plie sous l’oreiller, pour faire de beaux rêves.
Camille de Peretti
Nina Leen
…la lecture est l’apothéose de l’écriture.
Alberto Manguel (1948 – …) – Une histoire de la lecture – 1996
Daniel Ridgway Knight (1839-1924) : A Pensive Moment
Malgré tout je reste longtemps à la fenêtre, à considérer la grande grille en fer qui est fermée, comme si j’espérais obtenir de cette contemplation un reflet de mes obstacles intérieurs à une vie complète et libre.
Anaïs Nin (1903-1977) – Journal, tome I, 1931-1934, Le Livre de Poche p. 17
63 / Jeff Manzetti – mars 2006
Etre belle… C’est un métier !
Emilienne d’Alençon (Emilie André) (1869-1946)
José Ferraz Almeida Júnior (1850-1899) : Saudade – 1899
Je suis bien loin de pouvoir expliquer en quoi un mauvais roman diffère d’un bon ; j’appelle mauvais roman un roman où tout se tient, où il n’y a rien à reprendre, mais enfin mauvais. C’est art est bien caché ; toutefois je remarque qu’à chaque nouvelle lecture le bon roman ouvre une avenir neuf.
Alain, Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.110
André Kertész (Budapest 1894-1985)
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Ce que le lecteur veut, c’est se lire. En lisant ce qu’il approuve, il pense qu’il pourrait l’avoir écrit. Il peut même en vouloir au livre de prendre sa place, de dire ce qu’il n’a pas su dire, et que selon lui il dirait mieux.
Jean Cocteau (1889-1963)
60 / Fillette
Que veut une femme ? Etre aimée.
Pas pour sa cuisine ni son écriture : pour elle-même.
Madeleine Chapsal – Oser écrire
Gustave Courbet (1819-1877) : Trois anglaises à la fenêtre –
Peinte à Trouville à l’été 1865.
6 juin, lourd.
Relu : Guillaume Appolinaire
Ô ma jeunesse abandonnée / Comme une guirlande fanée / Voici que s’en vient la saison / Des regrets et de la raison. (Vitam impendere amori.)
Découverte de ce soir :
Albert Glatigny
Voici le soir
Voici le soir : pareils au clair de lune,
Tes yeux charmants rêvent sous tes cils longs ;
L’air est léger ; si tu le veux, nous allons
Dormir au bord de la mer, sur la dune.
Un chant s’élève entendu par mon cœur,
Un chant d’amour exhalé par ton âme.
Triste et bien doux, vers le ciel tout en flamme
Qui semble prêt à mourir de langueur.
La mer est là. Ses vagues argentées
Causent tout bas tendrement, comme nous,
Et moi, je tiens, assis à tes genoux,
Dans mes mains tes deux mains abritées.
Ne parlons plus, ne songeons plus, laissons
Le temps passer et briller chaque étoile ;
Le vent est frais ce soir, baisse ton voile,
Je sens courir sur ton sein des frissons
Ecouter : Sur France Inter chez le génial Lodéon, l’ouverture du Barbier de Séville, par le Chicago Symphony Orchestra, dirigé par Fritz Reiner. Une tempête de son qui vous submerge comme une avalanche. Du grand Rossini !
Moustache : (fin) J’ai eu droit à un » Oh que tu es beau de Nathalie cet après-midi. » accompagné d’une bise. Bref elles ont gagné et en sont fières.